A - I n f o s
a multi-lingual news service by, for, and about anarchists
**
News in all languages
Last 40 posts (Homepage)
Last two
weeks' posts
The last 100 posts, according
to language
Greek_
中文 Chinese_
Castellano_
Català_
Deutsch_
Nederlands_
English_
Français_
Italiano_
Polski_
Português_
Russkyi_
Suomi_
Svenska_
Türkçe_
The.Supplement
The First Few Lines of The Last 10 posts in:
Greek_
中文 Chinese_
Castellano_
Català_
Deutsch_
Nederlands_
English_
Français_
Italiano_
Polski_
Português_
Russkyi_
Suomi_
Svenska_
Türkçe
First few lines of all posts of last 24 hours ||
of past 30 days |
of 2002 |
of 2003 |
of 2004 |
of 2005 |
of 2006 |
of 2007 |
of 2008 |
of 2009 |
of 2010 |
of 2011 |
of 2012 |
of 2013 |
of 2015 |
of 2016
Syndication Of A-Infos - including
RDF | How to Syndicate A-Infos
Subscribe to the a-infos newsgroups
{Info on A-Infos}
(fr) France, Alternative Libertaire AL n° special - Ukraine : Entre le marteau et l’enclume (en, it, pt)
Date
Sat, 3 Sep 2016 12:24:13 +0300
Depuis quelques années l’Ukraine est souvent représentée dans les médias en France et à
l’échelle internationale comme le contrepoint de la Russie. Le visage radieux de sa
représentante victorieuse de l’Eurovision pourrait conforter cette image. La réalité de la
situation politique et sociale de ce pays est pourtant un peu plus complexe. ---- La
Russie est une dictature. Et la dégradation de sa situation économique (baisse de la
rente pétrolière et gazière, sanctions économiques des puissances occidentales,
récession depuis deux ans de l’activité économique) joue un rôle important dans le
renforcement de ce régime tyrannique. C’est également une puissance impérialiste qui
cherche à se hisser de nouveau au rang de grande puissance. On a pu le voir aussi bien en
Syrie qu’en Ukraine. Pour autant, cette politique agressive, qui est liée à la défense de
ses intérêts comme acteur économique majeur en Europe de l’Est et au Proche-Orient, ne
doit pas dispenser d’analyser les choix politiques du régime ukrainien issu du mouvement
de contestation qui a émergé fin 2013 place Maïdan à Kiev.
La coalition au pouvoir s’appuie sur deux partis : le bloc Porochenko et le Front
populaire de Iatseniouk, deux partis de droite ultralibéraux qui s’emploient à détruire ce
qui reste de l’État social en Ukraine. Elle est majoritaire au parlement, pour autant les
équilibres politiques actuels sont très liés à la lutte pour le pouvoir que se livrent les
capitalistes à la tête des plus grandes fortunes du pays. Les alliances se font et se
défont. Mais ce qui est constant, c’est de voir que les recompositions politiques internes
de la classe dirigeante s’appuient sur des fractions des partis ultralibéraux
pro-occidentaux et des partis ultranationalistes et fascistes. Lors de la crise qui a été
fatale au précédent pouvoir, dominé jusqu’à début 2014 par Ianoukovitch et le Parti des
régions (prorusse), c’est une alliance entre les ultralibéraux et les partis fascistes
Svoboda (Liberté, 4,7 % aux élections législatives de 2014) et Pravy Sektor (Secteur
droit, 3 %) qui a permis de le renverser. De même, depuis 2014, certains oligarques
financent en partie les bataillons de combattants qui guerroient à l’Est contre les
séparatistes prorusses et dont beaucoup sont liés à l’extrême droite, à l’instar des
bataillons Azov et Aïdar [1].
Le pouvoir appartient aux mêmes couches dirigeantes mafieuses que celles qui ont fait leur
fortune dans les années 1990 sous la présidence de Leonid Koutchma, ancien hiérarque du
PCUS (Parti communiste de l’Union soviétique) recyclé dans le capitalisme après la chute
de l’URSS. C’est ce pouvoir mafieux que l’Union européenne soutient politiquement et
financièrement. La manne de l’UE est en fait essentielle à la survie de l’Ukraine. C’est
du reste avec le renoncement à l’accord de « partenariat oriental » avec l’UE que la crise
politique s’est emballée fin 2013. Cet accord implique une aide financière de l’UE en
échange d’un programme de privatisation des services publics, de baisse des salaires et
des retraites. Et c’est ce même accord que les Pays-Bas viennent de rejeter par référendum
en avril dernier.
L’UE se nourrit de la dette ukrainienne
UE et Russie ont donc des responsabilités partagées dans la crise actuelle que traverse
l’Ukraine, qui se caractérise par un état de quasi-faillite financière et une mise sous
perfusion par l’UE. Pour cette dernière, les enjeux ne sont pas seulement géopolitiques
(affirmer son rayonnement politique et contenir la zone d’influence russe), ils sont aussi
économiques. L’UE se nourrit de la dette ukrainienne, mais aussi de ses actifs. L’an
dernier le gouvernement Iatseniouk a poussé à la vente de ports, de centrales électriques
mais aussi d’entreprises agroalimentaires et de distribution à des investisseurs
européens. Cette vente à la découpe du pays se poursuit depuis des années. Elle est
particulièrement sensible dans le domaine du foncier, puisque le phénomène d’accaparement
des terres est important. Il est le fait de grandes entreprises ukrainiennes et
européennes (allemandes, britanniques, suédoises et françaises plus particulièrement).
Charles Beigbeder, ancien candidat à la présidence du Medef face à Gattaz, puis élu UMP
avant de se rapprocher du FN, est un des capitalistes français ayant investi ces dernières
années en Ukraine. Après l’effondrement de l’URSS, les paysans et paysannes ont pu
récupérer des terres qui leur ont été restituées, mais nombre d’entre eux ne disposaient
pas de ressources financières pour investir et les mettre en valeur. Aussi ils et elles se
sont mis progressivement à les vendre, à un prix parfois dérisoire, à de grands groupes
soucieux d’investir pour fournir la grande distribution, notamment en nourriture bio.
À cela il faut ajouter la violation répétée des droits humains et l’augmentation des
violences politiques. Il est à noter qu’elles émanent aussi bien de l’extrême droite et
des organisations prorusses que du gouvernement. Le bilan de la guerre du Donbass se
chiffre à près de 10 000 tué-e-s dont une grande majorité de civils. Les combats
sporadiques se poursuivent sur la ligne de front malgré les accords de Minsk qui ont
abouti notamment à un cessez le feu. La propagande prorusse est intense et impute la
responsabilité de ces combats au gouvernement de Kiev. Toutefois, les médias occidentaux
ne prennent que cela en compte et se taisent sur l’activisme d’extrême droite tout comme
ils passent sous silence la corruption et le pouvoir oppressif du gouvernement
libéral-conservateur et mafieux de Kiev.
Ce qu’ont gagné les deux pouvoirs russes et ukrainiens, c’est l’installation d’une haine
irréductible entre les deux peuples. Les prorusses ont une responsabilité écrasante dans
la sécession de la Crimée et du Donbass, mais en refusant une organisation fédéraliste et
en prenant des mesures défavorables à la forte minorité russe (notamment sur la langue),
le gouvernement de Kiev a contribué à pousser les prorusses dans les bras de Poutine. Et
dans ce contexte, les voix progressistes peinent à se faire entendre. Si la gauche est
laminée, il reste cependant une solide résistance syndicale. C’est notamment le cas de la
FPU, qui compte près de 7 millions d’affilié-e-s et qui tient de plus en plus un discours
doublement critique, d’un côté envers la Russie pour son annexion de la Crimée, et de
l’autre envers la politique antisociale ukrainienne. Notons également que la Confédération
des syndicats indépendants d’Ukraine (KVTU), qui défendait des positions nationalistes
avant la crise de novembre 2013, a depuis progressivement adopté des positions plus
favorables aux luttes sociales et s’opposant aux politiques d’austérité et à la casse des
services publics.
La Russie est sans doute le pays qui a le plus eu recours à l’État fort, mais l’Ukraine
comme l’UE sont loin d’en être la parfaite antithèse démocratique qu’on veut bien nous
vendre. La politique de celles-ci évolue de plus en plus dans une zone grise, plus
liberticide qu’émancipatrice.
Laurent Esquerre (AL Paris-Nord-Est) et Nestor Koutz (ami d’AL)
[1] Savtchenko, la pilote ukrainienne, retenue prisonnière en Russie et condamnée à 22 ans
de prison, pour le meurtre de deux journalistes russes (meurtre dont elle décline la
responsabilité), a été libérée fin mai dans le cadre des échanges de prisonniers en Russie
et Ukraine. Elle a fait partie du bataillon Aïdar et elle est célébrée comme la Jeanne
d’Arc ukrainienne tant par l’extrême droite que par le gouvernement.
Pour lire cet article dans sa totalité : www.alternativelibertaire.org
http://www.alternativelibertaire.org/?Ukraine-Entre-le-marteau-et-l
_________________________________________________
A - I n f o s
informations par, pour, et au sujet des anarchistes
Send news reports to A-infos-fr mailing list
A-infos-fr@ainfos.ca
Subscribe/Unsubscribe http://lists.ainfos.ca/mailman/listinfo/a-infos-fr
Archive: http://ainfos.ca/fr
A-Infos Information Center