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(fr) Organisation Communiste Libertarie (OCL) - Courant Alternatif, CA #234 - novembre 2013 - éditorial et sommaire (en)
Date
Sat, 09 Nov 2013 17:09:22 +0200
édito - Ras-les fronts, page 3, 4 ---- immigration ---- pages 5, 6, 7, Lampedusa :
migrants, un carnage politique ---- pages 8, 9, 10 Contre le racisme et la xénophobie
d'Etat, l'égalité des droits ---- répression ---- page 11, Harcèlement policier et
judiciaire à Reims... page 11 ... et, en Russie, liberté pour les Pussy Riot ! ---- big
brother, page 12, 13 ---- santé ---- pages 14, 15 Psychiatrie : simple toilettage sur les
soins sans consentement -- nucléaire ---pages 16, 17, 18, Démantèlement des installations
nucléaires ---- aménagement du territoire ---- pages 19, 20, Morvan, la lutte contre le
projet Erscia ---- pages 21, 22, Notre-Dame-des-Landes, l'assaut ? ---- entre nous soit
dit ---- pages 23, 24 Les journaux locaux de contre-information ---- international ----
pages 25, 26 Guyane, le business du sport au profit de l'aménagement du territoire
pages 27, 28 Etats-Unis, la grève des fast-foods
pages 29, 30, 31 Chine, travailler en Chine et dans les usines chinoiseaux porte de l'UE
l'économie en brèves, page 32
EDITO
Ras-les-fronts
Et voilà que nous y sommes une fois de plus : la dernière ligne droite avant les élections
municipales est, comme prévu, en train de réduire le débat politique à une pièce de
théâtre où s'affrontent le bien et le mal. C'est du moins ainsi que la gauche
socialo-écologiste entend mener campagne, et elle sera rejointe par une partie de
l'extrême gauche et des antifascistes officiels à mesure qu'approchera la date fatidique
du second tour.
Et c'est ainsi que le Front national fonctionnera une fois de plus comme une machine
utilisée à droite et à gauche pour des visées électorales et prébendaires sans pour autant
faire reculer d'un iota ni un racisme bien réel et en expansion ni un fascisme en partie
imaginaire.
Quand le politiquement incorrect est devenu correct
Pendant des décennies, l'antifascisme a fonctionné en utilisant une recette forgée par des
morceaux d'histoire allant du Front populaire à Mai 68 en passant par la Résistance. Il
suffisait de désigner, de nommer, d'invectiver pour contenir l'ennemi. Il suffisait
d'utiliser des mots et des images basés sur la saga nationale de la résistance au fascisme
et à l'envahisseur nazi, en renvoyant telle personne ou ou telle force politique à des
valeurs majoritairement réprouvées et dont peu aiment être affublés. Il ne s'agissait
surtout pas d'analyser ce qu'on voulait combattre mais de dresser préventivement, à l'aide
de clichés et raccourcis historiques, un cordon sanitaire autour de l'ennemi en
culpabilisant et en menaçant toute personne susceptible d'être tentée par le mal, ou
voulant simplement s'interroger sur ce qu'est réellement cet ennemi dénoncé. De cruelles
erreurs ont ainsi été commises. La gauche, en 1958 et après, hurlait : « Le fascisme ne
passera pas » à l'encontre de De Gaulle, évitant ainsi de comprendre que le retour au
pouvoir du grand homme, fût-ce par un coup d'Etat larvé, ne devait pas grand-chose à un
élan dictatorial, mais signifiait d'abord un nouvel élan donné à ce qui fut appelé ensuite
les « trente glorieuses », et que la IVe République engluée dans des vieux schémas et dans
les guerres coloniales n'était pas en mesure d'accompagner. En 1968 et après, l'extrême
gauche gueulait « CRS-SS » comme si la République n'était pas capable par elle-même de
taper durement et de tuer sans pour autant devenir nazie.
La charge émotionnelle de ces apostrophes était à ce point forte que l'adversaire était
quelquefois même amené à se justifier de ne point être celui qu'on disait. Cela avait pour
effet de renvoyer le présent à une matrice passée, en évitant d'essayer de comprendre que
les formes autoritaires les plus extrêmes de gestion de l'Etat pouvaient revêtir les
habits les plus divers tout en étant parfois aussi, sinon plus, insupportables que le
modèle. Ce faisant, on édulcore le passé en évitant le présent. Or, progressivement depuis
les années 1980, les mots anciens (fasciste, extrême droite...) ont perdu leur force
dissuasive. Les mots nouveaux (islamophobe, homophobe, sexiste...) n'ont pas acquis dans
la société française la même résonance historique et, qui plus est, ils ne sont même pas
connus d'une bonne partie de la population, en particulier de celle qui se tourne vers le
FN. Et, de toute façon, l'invective ne fonctionne pas non plus vis-à-vis des personnes qui
pensent ne pas être celles que l'on désigne, parce qu'elles estiment que le FN lui non
plus n'est pas ainsi... et que de toute manière ce n'est pas le plus important. Bref, le
politiquement incorrect de l'époque ne l'est plus autant aux yeux d'une partie de cette
population qui se tourne vers le FN parce qu'elle pense que ce parti peut la sortir de la
merde ou, du moins, que ça vaut le coup de tenter l'expérience, après celle de la droite
et de la gauche ; ou simplement pour faire chier les représentants de celles-ci, qui
apparaissent de plus en plus comme un establishment coupé de toute réalité sociale.
La question est sociale, pas morale
C'est à cause de ce qu'ils subissent par rapport aux retraites, salaires, durée du
travail, chômage, soins, logement, aides sociales, désertification de leur espace, etc.,
que ces gens se tournent vers le FN, et moins pour des raisons idéologiques. Mais de cela
les socialos-écolos ne disent évidemment rien, puisqu'ils sont justement l'instrument de
la mise en oeuvre de toutes ces attaques programmées par le patronat contre le salariat
modeste et moyen, les ouvriers, les petits agriculteurs et les chômeurs. Nous sommes là
bien loin des questions de morale. Un récent conflit en cours peut nous donner quelques
indications sur les mécanismes qui se mettent en place : celui qui agite les abattoirs
Gad, en Bretagne (889 suppressions d'emplois) car il est un modèle réduit de ce qui se
joue un peu partout. Le 22 octobre, les salariés du site de Lampaul-Guimiliau, dans le
Finistère, promis à la fermeture ont voulu bloquer celui de Josselin, dans le Morbihan,
qui doit être préservé dans le cadre du plan de restructuration de Gad SAS. La colère de
ces salariés était d'autant plus grande que 15 millions de leurs indemnités (liées à la
participation) avaient été supprimés et reversés pour relancer le site de Josselin.
Lorsqu'ils sont arrivés devant l'abattoir, 100 à 150 salariés sur les 650 que compte le
site préservé, en tenue blanche de travail, ont repoussé manu militari leurs collègues de
Lampaul-Guimiliau ; puis ils se sont assis sur l'autoroute pour protester contre ces
collègues « qui sont en train de perdre leur emploi mais qui, par leur démarche, vont nous
faire perdre le nôtre ». Il s'agit là bel et bien d'une milice patronale qui ne dit pas
son nom et qui a oeuvré en attendant des CRS prêts à prendre le relais.
Jusqu'au début de ce siècle, lorsqu'on parlait de milices ou de syndicats patronaux (par
exemple chez Simca, Citroën ou Peugeot), on pouvait sans grand risque d'erreur classer ses
membres comme proches du FN ou du SAC, et les ouvriers qui se faisaient casser la gueule
étaient plutôt de gauche. Or, dans le cas de Gad, on verrait bien la milice patronale et
cette « élite ouvrière » qui veut continuer à travailler, et est très majoritairerement
syndiquée à la CFDT, s'accommoder de Hollande en regrettant peut-être Sarkozy. Quant aux
autres de Lampaul, à juste titre « écoeurés » et majoritairement syndiqués à FO, il ne
serait pas étonnant que certains d'entre eux se tournent vers le FN. Eh oui, les temps ont
changé !
Face à cela, que peuvent les invectives, les arguments moraux, les rappels aux fondements
de la République ? Rien, sinon peut-être renforcer la conviction croissante que ceux qui
utilisent de tels arguments sont des donneurs de leçons ne vivant rien de ce que les
licenciés subissent, et que l'establishment qui trône sur les étranges lucarnes et
s'inquiète de la montée du FN est tout aussi coupé des réalités sociales que le Roi Soleil
l'était de son bon peuple.
On ne peut à la fois combattre le fascisme et oeuvrer à la défaite de la classe ouvrière
On l'a dit et redit mille fois, l'éradication du fascisme passe par une dénonciation
claire du capitalisme ; et seules les luttes populaires, notamment contre les politiques
antisociales (de gauche comme de droite) qui favorisent son éclosion, peuvent faire
reculer la tentation autoritaire. Et se raccrocher à la fiction d'un capitalisme
protectionniste et/ou keynésien n'est d'aucun secours. Cela ne permet pas de déceler
clairement que la victoire (provisoire ?) de ce qu'on appelle faussement « libéralisme »
est en fait une mutation du capitalisme qui s'est réalisée sur une défaite majeure et
durable du mouvement ouvrier, même dans sa version la plus réformiste. On voit mal comment
des luttes sociales pourraient redémarrer si rien n'est dit sur les liens qui unissent les
défaites successives du salariat, sur les combats non menés (sur l'intérim, les CDD, la
flexibilité, etc.). Autant d'abandons et de défaites qui ont, petit à petit, contruit le
sentiment d'impuissance et le fatalisme dans la classe ouvrière, et entraîné la montée
d'une colère teintée de racisme, de xénophobie et d'individualisme.
Il ne faut pas non plus oublier que la « défense des intérêts de la nation » a été
historiquement avancée par le mouvement ouvrier, notamment le PCF et la CGT. On ne
rappellera jamais assez ce que furent les bulldozers de Vitry le 24 décembre 1980. Ce
jour-là, 300 Maliens quittent leur foyer de Saint-Maur pour être hébergés dans un bâtiment
en cours de rénovation à Vitry. La section du PCF de la ville réagit par l'action d'un
commando équipé d'une pelleteuse, et, avec le soutien de la direction du Parti, s'emploit
à faire s'écrouler l'entrée du foyer pour empêcher les nouveaux occupants d'y rentrer. Il
s'agit là d'un véritable événement fondateur de la lente et inexorable montée de la
popularisation par la gauche des thèmes racistes du FN.
Un mois et demi plus tard, Robert Hue, le maire communiste de Montigny-les-Cormeilles,
organise une campagne d'une rare violence contre des immigrés accusés sans preuve de se
livrer au trafic de drogue. Plus près de nous, la politique de Voynet à Montreuil,
l'expulsion en plein hiver de travailleurs à Bagnolet en 2010 par une municipalité de
gauche, la politique de Valls ne sont que des épisodes parmi d'autres de la banalisation
du rejet de l'immigré. Le national-populisme et les « mouvements nationalistes » sur
lesquels prospère l'extrême droite ne sont pas tombés du ciel ni de la seule volonté de la
bourgeoisie : ils sont aussi le produit de la lutte de classes telle qu'elle a eu lieu,
celui du syndicalisme majoritaire et devenu hégémonique à partir des années 1920 et qui
s'est consolidé après-guerre.
Les multiples exactions commises par des petits groupes nazis doivent évidemment être
combattues politiquement et physiquement dans toutes les villes où elles ont lieu. Mais,
en toute logique, si le combat contre le fascisme se doit de passer par une critique du
capitalisme et une lutte contre l'offensive dite « libérale », on voit mal comment on
pourrait conclure des alliances « antifascistes » avec des forces qui défendent le
capitalisme et mettent en oeuvre les politiques antisociales. Les désistements de dernière
minute, « en se bouchant le nez », pour barrer la route au FN au nom d'un front
républicain risquent fort de nourrir encore davantage le mal qui est censé être combattu.
CJ Poitou
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