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(fr) Alternative Libertaire AL #231 - Point de vue : Alain Bihr "Friot, ou l'émancipation a minima"
Date
Thu, 07 Nov 2013 14:23:25 +0200
Le sociologue Bernard Friot connaît un succès important au sein de la gauche depuis
quelques années avec des livres comme L'enjeu des retraites (2010) et L'enjeu du salaire
(2012). Dans un article intitulé «Universaliser le salaire ou supprimer le salariat? A
propos de L'enjeu du salaire de Bernard Friot», publié en juin 2013 sur le site À
l'encontre, notre ami Alain Bihr, sociologue et spécialiste de Marx, conteste les
propositions de Bernard Friot (voir encadré ci dessous). ---- Alternative libertaire:
Peux-tu nous expliquer pourquoi les propositions de Bernard Friot sur le salaire te
semblent contestables? ---- Alain Bihr: La première chose qui m'a frappé lorsque j'ai lu
L'enjeu du salaire, c'est que toute l'analyse se déroule dans un cadre franco-français. A
part quelques très rares allusions au détour d'une ligne, il n'est jamais fait mention de
l'étranger comme si le cadre français était suffisant pour traiter toutes les questions.
D'où, à partir de là, une attitude assez fétichiste à l'égard de certaines formes
institutionnelles qu'a prises le rapport salarial en France, comme si ces formes-là
étaient destinées à marquer l'horizon indépassable du salariat. Je pense en particulier à
ce qu'il raconte sur la cotisation sociale, la qualification professionnelle, etc.
Dans ton article, tu mets en valeur un certain nombre de confusions de Friot dans l'usage
des concepts marxistes. Posent-elles vraiment problème lorsqu'il s'agit d'imaginer une
alternative au capitalisme?
Je n'ai pas compris pourquoi il s'embarrassait de tout un échafaudage marxiste, dans
lequel il se prend les pieds et se casse la gueule, pour élaborer des propositions qui
pourraient parfaitement s'élaborer sans ça. Sauf à vouloir bloquer par avance la
discussion de ce côté-là et dire: « Vous voyez, d'un point de vue marxiste, je suis
totalement inattaquable !». J'ai voulu montrer que, d'un point de vue marxiste, il est
totalement attaquable. Mais cela n'enlève rien à la pertinence de ses propositions
politiques parfaitement discutables dans le meilleur sens du terme.
À ce sujet, le plus important, selon toi, serait ce que Friot n'évoque pas dans son livre.
Ses propositions, qui consistent essentiellement à universaliser deux institutions, la
cotisation sociale et la qualification, sont des éléments à prendre en compte dans la
discussion dès lors qu'on veut imaginer ce que pourrait être un processus de
transformation socialiste de la société française contemporaine. Il est vrai qu'il y a
parmi les différents auteurs qui se sont penchés sur ce que peut signifier le socialisme
comme phase de transition entre le capitalisme et le communisme, un débat sur ce que
pourrait être la place à conserver ou pas, dans un premier temps, aux relations marchandes
et au marché. Mais, en faire d'emblée comme Friot quelque chose que l'on ne pourrait pas
dépasser, ça me paraît être très contestable.
Du coup, il ne reprend pas les deux autres termes qui sont généralement mis en rapport de
complémentarité ou d'opposition par rapport au marché que sont la planification et la
coopération. Ce sont autant de questions qui sont complètement laissées de côté comme si
ça ne faisait pas partie de la problématique socialiste.
L'autre non-dit de Friot c'est que son système suppose que la totalité de la plus-value
soit socialisée, donc un rapport de forces particulièrement favorable au prolétariat. Ne
pourrait-on pas faire autre chose d'un tel rapport de force?
Ce n'est pas seulement la totalité de la plus-value mais la totalité de la valeur ajoutée
(la valeur nouvellement formée) qu'il propose de socialiser, mise à part la petite partie
que les entreprises seront autorisées à garder pour financer directement leurs projets
d'investissement. Imposer cela impliquerait un rapport de forces qui permettrait d'emblée
d'imaginer de dépasser le salariat, mais c'est justement ce qu'il ne fait pas. Il y a chez
lui cette pensée que, de la lutte des classes telle qu'elle s'est menée en France, sont
apparues des institutions salariales qu'il suffirait d'universaliser, de radicaliser et
d'émanciper de leur gangue capitaliste qui les muselle aujourd'hui, pour en faire les
leviers de l'émancipation des travailleurs.
Tu ne considères pas que son idée d'un marché de l'emploi débarrassé des contraintes
patronales puisse être émancipatrice?
Les entreprises pourraient employer les individus sans les payer puisqu'ils seraient
rémunérés par le biais d'un salaire à vie en fonction de leur qualification, mais
pourraient aussi s'en débarrasser à partir du moment où elles estiment que ces employés ne
sont plus suffisamment productifs. Il passe très vite sur les problèmes que cela pourrait
poser, comme : « pourquoi j'irais m'emmerder à travailler si je suis payé?». Il dit que
c'est un argument de droite qui ne mérite pas de considération, mais le problème mérite au
moins d'être mieux posé.
De plus et surtout, même s'ils échapperaient ainsi à l'angoisse du chômage, les salariés
n'auraient toujours pas plus à dire qu'aujourd'hui sur ce qu'il en est des conditions de
production, des formes sous lesquelles on produit, la destination de la production, etc.
Comme émancipation du salariat, c'est assez faible. C'est l'émancipation a minima.
propos recueillis par Renaud (AL Alsace)
Les propositions de L'enjeu du salaire
Bernard Friot propose de prélever la totalité de la richesse produite par les entreprises
par le biais de trois cotisations : la première pour payer les salaires, la deuxième pour
financer (sans intérêt) l'investissement dans les moyens de production et la troisième
pour produire et entretenir les moyens socialisés de consommation (services publics,
logement, transport, culture...). Les individus se verraient conférer à leur majorité une
qualification (ce qui rendrait donc l'éducation nationale obligatoire jusqu'à 18 ans) leur
donnant droit à un salaire à vie, quelle que soit leur activité. Les salarié-e-s seraient
libres à n'importe quel âge de passer une épreuve de qualification pour obtenir une
qualification supérieure donnant droit à un salaire supérieur (la hiérarchie des salaires
irait de 1 à 4).
Les entreprises, quels que soient leurs statuts (collectives, privées...), pourraient donc
utiliser les compétences de ces salarié-e-s, disponibles sur un marché, selon leurs
besoins. Mais l'absence d'activité ne changerait rien au salaire perçu.
Cela devrait faire disparaître ce que l'auteur appelle la «convention capitaliste du
travail» pour la remplacer par une «convention salariale du travail» qui «n'élimine ni le
prix, ni la monnaie, ni l'échange : elle élimine la marchandise, c'est-à-dire la dictature
du temps qu'introduit la mesure de la valeur par le temps de production» (p. 113)
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